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La vierge noire

Vers le petit matin, ivre mort,
J’errais du côté des quais déserts,
Quand soudain j’aperçus une maure,
Une perle noire du désert...

Réincarnation de la Duval,
Cette sombre Vénus nocturne,
Terrassait ses vulgaires rivales,
Sous ses pieds chaussés de cothurnes...

Manifeste sous son réverbère,
Elle offrait aux frustrés ses services,
Proie évidente pour ces cerbères,
Pour ces nombreux empereurs du vice...

Engourdie par le froid de la nuit,
Le teint pale et les pupilles mornes,
Elle attendait, reine de l’ennui,
Divinité aux deux-mille cornes...

Dépourvue du moindre spadassin,
Elle affrontait seule des corps
Etrangers abusant de ses seins,
Véroles à son intime décor...

Le reste de cette aventure,
Est voilé d’une brume épaisse,
Car l’alcool, divine torture,
Me fit sombrer dans son ivresse...

Lorsque sortant de ma détresse,
En mon lit je cherchais mon couteau,
Au même moment dans les presses,
Paraissait en titre sa photo...

On l’avait retrouvé morte,
Portant au cou un rouge collier,
Symbole de la vie qui s’avorte,
D’une carcasse à Satan liée...

Quelle macabre expérience.
L’avais-je conduit dans le trépas,
Lors de ma crise d’inconscience ?
Vraiment, je ne m’en souvenais pas...

Jérôme Ancey
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